Aujourd’hui sur le blog, nous vous présentons Gang de Paris, une marque française de textile créée à partir de la passion de son fondateur, Jérémy, pour l’histoire de Paris.
Dans cette interview, Jérémy nous raconte comment il a utilisé son enthousiasme et ses connaissances pour créer un univers très singulier. Il nous présente aussi son modèle de dropshipping à la française qui lui permet de limiter sa prise de risque financière et son passage de PrestaShop à Shopify qui lui a facilité la tâche.
C’est la deuxième marque de vêtements que lance Jérémy Tessier. Il travaille seul sur cette marque en plein essor et il le fait donc à temps plein. Il s'entoure de photographes, graphistes et freelance pour certaines parties de la créa.
Gang de Paris en quelques dates clés
2016 : Création de la marque Gang de Paris / Entrée chez Colette
2017 : Pop-up stores au Bon Marché et aux Galeries Lafayette
Novembre 2017 : Migration de PrestaShop à Shopify
Mai/juin 2018 : Visites guidées dans Montmartre sur les gangs parisiens
2019 : Lancement du nouveau site et de la saison 2 / Présence au BHV
Comment présentez-vous la marque Gang de Paris ?
Gang de Paris est une marque de vêtements concept qui raconte des histoires, construite autour de 3 valeurs : la liberté, l'indépendance et l'amitié. La Saison 1 nous plonge dans l'univers des premiers gangs parisiens. Gang de Paris vous fait plonger dans un univers que j’ai voulu hyper cohérent. C’est une marque avec du fond, de la consistance et pas une simple stratégie marketing dans le sens où elle est issue d’une véritable passion.
Si je devais résumer les ingrédients qui caractérisent Gang de Paris je dirais que :
- les histoires y ont une place centrale et comme dans une série, la marque vous invite à découvrir des épisodes
- l’esthétique et l'identité
- les valeurs de la marque
Lecture conseillée : Comment construire une histoire de marque forte avec le storytelling : leçons d'experts
Comment a démarré Gang de Paris ?
À l’origine, j'avais une autre marque de vêtements, qui s'appelait La Dix-Neuvième Planque, et je devais sortir une collection sur les anciens gangs parisiens sous cette marque. En travaillant sur cette nouvelle collection, je me suis rendu compte que ce n'était plus clair, on ne comprenait pas le concept. Je suis donc reparti de zéro et j'ai créé une nouvelle marque, Gang de Paris, avec pour concept de raconter l'histoire des premiers gangs parisiens des années 1900-1910.
C’est original ce concept autour des gangs de la Belle Époque. Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet au départ ?
Je suis passionné par l'histoire de Paris et je suis tombé par hasard sur l'histoire des Apaches, ces voyous parisiens qui semaient la zizanie dans la capitale. J'ai commencé à lire tout ce qui était disponible sur leur histoire. Ce qui m'a intéressé, c’est leur recherche de la liberté. Ces jeunes qui ne voulaient pas aller à l'usine, qui créaient leurs propres jobs pour s'en sortir. Il y a tout un univers, tout un argot, autour de ces gangs, qui est super passionnant.
Et je me suis dit qu'il y avait même un parallèle à faire avec la jeunesse d'aujourd'hui et le sentiment que peuvent avoir les jeunes - ou moins jeunes d'ailleurs - à chercher un sens à leur vie. C'est cet esprit-là qui m'a plu.
J’adore aussi l'argot de l’époque, le vieux français qui est assez cool.
Gang de Paris fonctionne par « saisons » comme dans les séries. Pouvez-vous nous en dire plus sur la saison 1 ?
La Saison 1 raconte l'histoire de ces Apaches, chaque épisode raconte l'histoire d'un gang, et chaque gang a sa collection capsule, composée d'un sweat brodé, d'un t-shirt brodé et d'un t-shirt avec une illustration. Il y a au total 8 épisodes : Les Loups de la Butte pour Montmartre, les Costauds de la Villette, Les Marlous de Belleville, Les Monte-en-l'air des Batignolles, Les Mohicans de Montpar, Les Voyous de la Rue de Lappe, Les Gars d'Charonne et Les Tatoués d'Ivry.
« L'idée c'est d'essayer de vendre autrement en étant un peu moins frontal et en jouant plus sur les histoires et les émotions. »
Donc tout part de la création d’un univers ?
Absolument. L’idée, c’est d’essayer de créer des choses uniques et de raconter des histoires. Il y a des produits et des informations en abondance, il faut réussir à se démarquer d'une manière.
Je cherche à vendre autrement en étant moins frontal et en jouant plus sur les histoires et les émotions.
Pour chacun des épisodes on partage des anecdotes, des vieilles photos, des mots d'argot. L'objectif est de construire un univers et d'intéresser les gens.
Est-ce qu'il y a eu des moments difficiles ?
Il y a toujours des moments compliqués, des moments de doute. C'est un peu les montagnes russes. Par exemple, un retard de livraison de 2-3 mois qui décale tout, des retards de paiement.
Je fais aussi très attention à avoir le moins de coûts fixes possible. C'est un modèle que j'essaie de mettre en place pour ne pas me retrouver le couteau sous la gorge et devoir fermer si ça se passe mal.
Il s'agit de trouver un juste milieu : ne pas trop faire la fête quand il y a des trucs cools et ne pas sombrer quand il y a des trucs moins cools.
« Toute la production est structurée autour de l’idée de limiter les coûts fixes au maximum. »
Pouvez-vous nous parler de ce mode de fonctionnement ? Ça concerne la production notamment, j’imagine ?
Toute la production est structurée autour de l’idée de limiter les coûts fixes au maximum et donc d’éviter le sur-stockage et la surproduction.
Pour cela, on fonctionne avec deux modèles : l’édition limitée et le dropshipping.
Il y a une partie que je fais en édition limitée de 100 exemplaires numérotés (tout ce qui est brodé) qui est produite au Portugal.
Et l'autre partie (tout ce qui est imprimé avec les dessins) ça, c'est en impression à la demande. J'utilise des tee-shirts vierges labellisés bio de bonne qualité. Dès que mon imprimeur reçoit une commande, il prend la base vierge, il l'imprime et l'envoie directement au client.
Vous utilisez une appli pour ça ?
Non, c'est un imprimeur avec lequel je travaille depuis quelques années et maintenant comme je commence à faire du volume, on fonctionne en dropshipping et ça se passe bien. C'est vraiment un partenaire fort et l'idée c'est de continuer à fonctionner comme ça, une partie édition limitée et une partie impression à la demande.
Mon imprimeur est basé à Paris ce qui me permet de passer à son atelier une fois par semaine pour aller chercher du stock ou réaliser des prototypes.
C'est intéressant d’ailleurs parce que quand on parle dropshipping en général les gens en France, ils s'imaginent que c'est des trucs qui viennent de Chine. Mais il y aussi du dropshipping à la française.
« Quand on parle dropshipping, en général les gens en France s'imaginent que c'est des trucs qui viennent de Chine. Mais il y aussi du dropshipping à la française. »
Ah le dropshipping à la française, c’est intéressant !
Il y a beaucoup d’articles sur le sujet du dropshipping et je n’ai pas de problème avec l’idée d'acheter des produits en Chine pour les revendre en France à condition qu’ils soient introuvables ici.
L’autre problème du dropshipping chinois c’est que le système va atteindre sa limite.
Ensuite le dropshipping à la française c’est un état d’esprit : ne pas produire en quantité et de vraiment sélectionner ses produits. Je ne vois pas l’intérêt de produire n’importe quoi pour faire des soldes six mois après.
Pour résumer, les avantages du dropshipping à la française sont :
- la logistique facilitée
- un relationnel fort avec le fournisseur
- faire le choix de produits de qualité
- peu d'avance de trésorerie
- la capacité à fonctionner avec peu de budget
- et le « made in France » (pour le dessin et l’impression en ce qui nous concerne)
« PrestaShop, c’est quand même une belle usine à gaz. Pour changer un mot sur la page d'accueil, je mettais trois quarts d'heure. »
Je voulais qu’on aborde votre migration vers Shopify, car vous étiez sur PrestaShop avant, c’est ça ?
Oui exactement. Pour ma première marque j’étais sur PrestaShop Cloud mais c'était quand même une belle usine à gaz en termes d'ergonomie, de design…pour changer un mot sur la page d'accueil je mettais trois quarts d'heure !
Et il y avait beaucoup de fonctionnalités qui ne m'étaient pas utiles, beaucoup de menus, d'options superflues pour une marque qui débute.
Je perdais vraiment beaucoup trop de temps dessus ; temps que je n’employais pas à faire mon marketing par exemple.
Un jour, j’ai assisté à une conférence dans laquelle un intervenant utilisait Shopify et son témoignage m'a convaincu d’essayer. Le lendemain j'installais Shopify, j’ai bénéficié de l’essai gratuit et voilà. Ça fait un an. Je l'ai lancé en novembre dernier, je peux dire que ça m'a pas mal facilité la tâche !
« Je voulais que Gang de Paris soit au contact des gens dans leur vie de tous les jours. »
Quelle était votre stratégie pour faire connaître la marque au tout début ?
L’idée générale était de permettre aux gens de découvrir, de voir et d’entendre la marque sous plusieurs angles. Donc d'être présent en ligne, en magasin et dans la rue.
Pour toucher les gens en ligne j’ai utilisé les réseaux sociaux pour raconter l'histoire avec des posts gratuits et des Facebook ads. Pour moi, c'était facile parce que je savais qui je ciblais, c'était même ultra précis (des hommes et des femmes de 25-35 ans qui habitaient à Montmartre, qui habitaient à Belleville etc...).
Pour toucher les gens dans la vraie vie, je suis allé dans ces quartiers faire des pochoirs, des affiches, des stickers, des soirées dans les bars du quartier. Mon avantage c’est que géographiquement c'était simple d'aller toucher les gens, ce qui n'est pas le cas pour tous les business.
Je voulais que Gang de Paris soit au contact des gens dans leur vie de tous les jours, c'est cohérent avec l'histoire de la marque.
Et puis, ça me paraît important que ma marque existe physiquement, ailleurs que sur Facebook, sans quoi ça me paraît compliqué de rester dans la mémoire des gens et en tout cas d'avoir un impact fort.
Vous êtes même allé plus loin avec les visites guidées, pouvez-vous nous en parler ?
J’ai organisé des visites guidées dans Montmartre en mai et juin dernier, là où il y avait vraiment le plus de faits divers, des anciens QG de voyous, des lieux atypiques et historiques.
J’organisais une visite à travers 10 lieux, chaque personne avait un livret.
C’était cool et ça m’a permis de rencontrer des gens intéressés par ce sujet, qui connaissaient ou non la marque.
Après les visites, on allait boire un verre et il y a une fois les gens sont même restés entre eux à papoter jusqu'à deux heures du matin. Voilà, donc ça crée aussi le lien dans le quartier et c'est assez cool.
Et comment avez-vous fait pour construire votre communauté en ligne ?
Je voulais partager ce que je lisais, ce que j'apprenais et ce que je voyais autour des gangs. Et c'est en partageant toutes ces anecdotes, toutes les photos, tout cet univers de la Belle Époque que j’ai intéressé les gens à ma marque.
Et du coup ça a créé une petite communauté autour de ça, autour de l'histoire de Paris, autour de cette époque et autour de la marque.
« J’investis beaucoup de temps dans les contenus que je crée. Mon idée c’est vraiment de rentrer par les histoires. »
Vous avez beaucoup misé sur les contenus ?
Oui, j’investis beaucoup de temps dans les contenus que je crée. Mon idée, c’est vraiment de rentrer par l’histoire et les gens qui accrochent à l'histoire et aux valeurs de la marque nous suivent.
Du coup, quand je fais un post Facebook, je ne me contente pas de poster un tee-shirt ou un sweat, j’ai de la matière à raconter. Par exemple, j’ai créé un e-book sur les 8 gangs parisiens qui fondaient les Apaches, il y a beaucoup à dire.
Si votre curiosité a été piquée, nous vous invitons à lire l'e-book de Gang de Paris sur l'histoire des premiers gangs parisiens.
Par quels canaux vendez-vous votre marque ?
L'idée, c'est de développer la marque en ligne et le e-shop à fond. Puisque notre parti pris est de raconter des histoires, c'est plus facile de le faire en ligne (en tout cas pour moi).
A côté de ça, la marque prend vie dans des boutiques éphémères tout au long de l’année. Par exemple en 2018, on en a fait en juin, en août, en décembre.
Enfin, je saisis toutes les opportunités de présence dans des grands magasins ou des concept stores un peu sympa comme le BHV (en janvier) et précédemment chez Colette ou au Bon Marché.
« Ce côté évolutif qui est intéressant dans Shopify, il y a plein d'applis qui s'adaptent à l’évolution de ton business. »
Quelles sont les 3 applis indispensable à la gestion de votre boutique Shopify au quotidien ?
- Messenger car je suis beaucoup sur Facebook. Je communique via ce canal, les gens me posent des questions directes sur le chat et c'est assez pratique. J'y suis connecté en permanence et je réponds rapidement.
- Product Reviews pour les avis client. Très utile et très facile à utiliser.
- Justuno pour les pop-ups et les captures de leads. C'est bien fait et il y a des stats faciles à comprendre.
Après, je n'ai pas encore tout exploré - je vais continuer à le faire ! C'est ce côté évolutif qui est intéressant dans Shopify : il y a plein d'applis qui s'adaptent à l'évolution de ton business. C'est intéressant de pouvoir pimper comme on veut et adapter les outils à ses propres besoins.
L'ajout d'apps est vraiment cool, surtout comparé à PrestaShop où c'était des add-ons et c'était plus complexe. Même pour faire une modif dans un add-on, c'est l'enfer.
Là c'est vrai que c'est simple et c'est ça qui m'a fait switcher, la simplicité d'utilisation et le fait qu'on puisse gérer de son portable facilement, changer un prix, changer un mot sur la page d'accueil, ça me prend 4 minutes alors que ça me prenait une demi-heure avant.
Comment voyez-vous l’évolution de votre marque à l’avenir ?
En 2019, l’idée c’est de garder l’état d’esprit du début et de l’étendre sur différents projets.
Déjà, la saison 2 de la collection est en préparation. On va changer d’époque et passer à des gangs plus modernes. On va conserver le fonctionnement par épisode, avec pour chaque épisode une histoire, illustrée par une vidéo, une dizaine de photos, complétée par 4 produits (un sweat, un tee-shirt, une casquette et une paire de chaussettes).
Chaque épisode va durer 2 mois. Tous les 2 mois, on lance un nouvel épisode.
Ensuite, l’idée c'est d'élargir à un peu plus grand que Paris et d'aller toucher le reste de la France, le reste de l'Europe, du monde. Et donc il y aura des nouveaux modèles avec plus de choses en anglais - on va traduire le site en anglais aussi.
Donc en 2019, on fait grandir la marque !
« La meilleure méthode pour se lancer : créer un produit, faire de belles photos, tester son produit, prendre les retours, améliorer. Et si ça provoque quelque chose, créer un beau site Shopify. »
Pour finir, quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui se lance dans l'e-commerce ?
L'idée, je pense en premier lieu, c'est de créer un produit et de le tester le plus rapidement possible, avant même de créer sa boutique Shopify.
Perso, si je devais faire autrement, j’aurais pris encore plus le temps de tester avant de lancer, j'aurais fait moins de produits pour démarrer et pourquoi pas un mono-produit ? Et j’aurais consacré mon temps à faire encore plus de storytelling et de choses autour du produit.
Donc, pour résumer : créer un produit, faire de belles photos puis le tester sur Instagram, sur Facebook, prendre les retours, améliorer. Et si ça provoque quelque chose, créer un beau site Shopify.
Ensuite, utiliser les retours pour employer les bons mots dans les fiches produits et améliorer son produit et voilà !
Pour moi l’aspect esthétique est fondamental, avec de belles photos, le site est tout de suite canon avec Shopify même avec les thèmes basiques, ça rend tout de suite vraiment bien.
Article publié par Aleks Ignjatovic
Aleks est la rédactrice en chef du blog de Shopify en français. Elle est responsable du marketing de contenu et de la localisation pour les marchés francophones chez Shopify.
Rédaction : Marjolaine Gaudard
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