Le secteur de l'e-commerce en France représente un chiffre d’affaires de près de 160 milliards d’euros en 2023. Avec une croissance continue, de nombreux entrepreneurs se lancent dans la vente en ligne. Mais qui dit opportunité dit aussi responsabilité : la fiscalité e-commerce est un domaine aussi complexe qu’incontournable pour gérer efficacement une activité.
Dans ce guide, découvrez comment naviguer sereinement dans les obligations fiscales et adopter les meilleures pratiques pour éviter les erreurs.
Qu’est-ce que la fiscalité e-commerce ?
La fiscalité e-commerce regroupe l’ensemble des règles fiscales qui s’appliquent aux activités commerciales en ligne. Cela concerne les impôts, taxes et cotisations liés à la vente de produits ou de services via un site web, une marketplace ou même des réseaux sociaux. Contrairement à d'autres secteurs, la fiscalité e-commerce n'a pas une définition unique et fixe : elle varie selon plusieurs paramètres.
Pour bien la comprendre, il faut prendre en compte quatre éléments clés :
- Les obligations nationales : toutes les entreprises situées en France doivent respecter les réglementations fiscales françaises.
- Les réglementations internationales : si vous vendez à l’étranger, les règles fiscales diffèrent selon les pays, notamment pour la TVA ou les droits de douane.
- Le statut juridique : auto-entrepreneur, SAS, SARL… Chaque statut entraîne des obligations fiscales spécifiques.
- Le régime fiscal : le régime que vous choisissez (micro-entreprise, réel simplifié, réel normal, etc.) impacte vos déclarations et votre imposition.
Enfin, votre chiffre d’affaires joue un rôle central, car il détermine si vous êtes soumis à la TVA, si vous dépassez certains seuils ou si vous changez de régime fiscal.
Une bonne compréhension de ces facteurs est essentielle pour assurer votre conformité aux lois, optimiser vos coûts et éviter des sanctions pouvant freiner la croissance de votre activité en ligne.
Les différentes obligations fiscales en e-commerce
- Déclaration de chiffre d’affaires
- TVA
- Droits de douane
- Impôts sur les sociétés
- Cotisation Foncière des Entreprises (CFE)
- Taxes spécifiques selon les activités ou produits
- Retenue à la source par les plateformes
En tant qu'e-commerçant, vous êtes soumis à diverses obligations fiscales selon votre activité et sa structure. Voici un tour d’horizon de ces obligations.
Déclaration de chiffre d’affaires
La déclaration de chiffre d’affaires est essentielle pour calculer les impôts et cotisations. Les modalités varient en fonction de votre statut :
- Auto-entrepreneurs : vous déclarez votre chiffre d’affaires chaque mois ou trimestre via le portail autoentrepreneur.urssaf.fr. Ce montant sert de base pour calculer vos cotisations sociales et, le cas échéant, la TVA.
- Sociétés : les entreprises comme les SARL, SAS ou EURL déclarent leur chiffre d’affaires dans le cadre de leur comptabilité annuelle. Cette déclaration est incluse dans les liasses fiscales transmises aux impôts.
TVA
La gestion de la TVA est une composante essentielle de la fiscalité e-commerce, mais les obligations associées diffèrent en fonction du statut juridique de votre entreprise et de votre chiffre d’affaires. Voici une vue d’ensemble des scénarios les plus courants :
1. Les micro-entreprises non assujetties à la TVA
Certaines entreprises bénéficient d’une exonération de TVA grâce au régime de la franchise en base de TVA, prévu par l’article 293 B du Code Général des Impôts.
Statuts concernés :
Auto-entrepreneurs et entrepreneurs individuels (EI) sous régime micro-entreprise : ce régime permet de ne pas facturer la TVA à vos clients tant que vous ne dépassez pas les seuils suivants (attention, ces seuils ont changé en 2025) :
- 85 000 € pour les activités de vente de biens et de marchandises
- 37 500 € pour les prestations de services (y compris la vente de formations ou de services en ligne)
Exemple :
Un auto-entrepreneur vend des vêtements en ligne et réalise un chiffre d’affaires annuel de 60 000 €. Tant qu’il reste sous le seuil de 85 800 €, il n’est pas assujetti à la TVA et facture uniquement le montant hors taxe à ses clients.
2. Les entreprises assujetties à la TVA
Vous devenez obligatoirement assujetti à la TVA dans les cas suivants :
- Si vous dépassez les seuils de franchise en base de TVA : dès que votre chiffre d’affaires dépasse les seuils, vous êtes tenu de facturer la TVA à vos clients et de la reverser à l’État. Vous perdez automatiquement le bénéfice de la franchise.
-
Si votre statut juridique vous y oblige :
- Les entreprises en SARL, SAS, EURL, ou autres sociétés soumises au régime réel (simplifié ou normal) sont par défaut assujetties à la TVA, indépendamment de leur chiffre d’affaires.
- Si vous optez volontairement pour l’assujettissement à la TVA : même en restant sous les seuils, les auto-entrepreneurs peuvent choisir de collecter et de déclarer la TVA, afin de la récupérer sur leurs dépenses professionnelles.
Exemple :
Un e-commerçant exploitant une SARL et réalisant 40 000 € de chiffre d’affaires par an est automatiquement assujetti à la TVA, car le statut juridique de sa société ne permet pas de bénéficier de la franchise en base.
Droits de douane
Si votre activité implique des échanges internationaux hors UE, vous devez respecter les règles douanières.
- À l’importation :
- les droits de douane sont calculés sur la valeur CIF (coût, assurance, fret) et dépendent du code TARIC des produits. Par exemple, pour des vêtements importés de Chine, le taux peut aller jusqu’à 12 %.
- À l’exportation :
- les formalités varient selon les destinations. Par exemple, exporter aux États-Unis nécessite de vérifier les taxes locales via le système HTS (Harmonized Tariff Schedule).
N’oubliez pas d’anticiper les coûts douaniers pour préserver vos marges.
Impôts sur les sociétés
Les impôts sur les bénéfices dépendent directement de la forme juridique de votre entreprise. Selon que vous soyez une société ou une entreprise individuelle, les règles fiscales varient.
Statuts concernés :
Cet impôt est obligatoire pour les sociétés comme les SARL, SAS ou EURL (si non optée à l’IR). Si vous êtes une entreprise individuelle, vos revenus seront soumis à l’impôt sur le revenu (IR).
Taux d’imposition :
- 15 % pour les bénéfices jusqu’à 42 500 € (PME éligibles)
- 25 % pour les montants supérieurs.
Taxe sur les surfaces commerciales (TaSCom)
Cette taxe s’applique aux entreprises exploitant des surfaces commerciales de plus de 400 m², utilisées pour le stockage ou la gestion des ventes. Elle concerne notamment les e-commerçants ayant des entrepôts importants pour gérer leurs stocks.
- Calcul : le montant dépend de la surface et du chiffre d’affaires de l’entrepôt
- Déclaration : elle se fait via le formulaire spécifique 3350-SD
Cotisation Foncière des Entreprises (CFE)
La CFE est une taxe locale due par toutes les entreprises, y compris les e-commerçants. Elle s’applique dès lors que vous exercez une activité professionnelle régulière et imposable, que vous ayez des locaux commerciaux, un entrepôt ou que vous travailliez depuis votre domicile. Le montant de cette taxe dépend de votre commune et de la valeur locative de vos locaux (ou de votre domicile, si vous y exercez).
Certaines entreprises ou activités peuvent être exonérées de la CFE, totalement ou partiellement, par nature ou en raison de leur situation. Les cas les plus courants sont :
- Auto-entrepreneurs pendant leur première année d’activité
- Entreprises agricoles
- Artisans sans salariés (activité manuelle majoritaire)
- Certaines activités à caractère social, éducatif ou culturel
- Entreprises implantées dans des zones spécifiques (ex. zones franches urbaines, zones de revitalisation rurale)
Taxes spécifiques selon les activités ou produits
Certaines activités ou catégories de produits sont soumises à des taxes supplémentaires. Cela concerne principalement :
- les produits soumis à accises, comme l’alcool ou le tabac
- les produits énergétiques (ex. carburants, électricité)
- d’autres activités réglementées avec des obligations fiscales particulières (jeux et paris, activités financières…)
Si vous êtes concerné, ces taxes viennent s’ajouter aux autres obligations fiscales et doivent être intégrées à votre gestion financière.
Retenue à la source par les plateformes
Lorsque vous utilisez des plateformes comme Amazon, Etsy ou Airbnb, ces dernières peuvent être tenues de prélever une partie de vos revenus pour le compte de l’administration fiscale. Ces prélèvements concernent surtout les activités de services ou de location, mais il est essentiel de vérifier si votre activité est impactée.
Surveillez bien les prélèvements opérés par les plateformes dans vos relevés pour éviter des incohérences avec vos déclarations fiscales.
Quel régime fiscal choisir ?
Le choix d’un régime fiscal est étroitement lié à votre statut juridique et à la nature de votre activité. Chaque statut (auto-entrepreneur, entreprise individuelle, SARL, SAS…) détermine les régimes fiscaux auxquels vous pouvez prétendre, ainsi que vos obligations en matière de comptabilité, d’imposition et de TVA.
Les régimes fiscaux les plus courants sont :
- Auto-entrepreneurs et petites entreprises individuelles : privilégient souvent la micro-entreprise pour sa simplicité.
- Entreprises individuelles dépassant les seuils ou souhaitant déduire leurs charges : optent pour un régime réel simplifié.
- Sociétés comme SARL, SAS ou EURL : soumises par défaut à l’impôt sur les sociétés, sauf option spécifique pour l’impôt sur le revenu.
Avant de choisir, évaluez vos objectifs : simplicité administrative, optimisation fiscale ou séparation des patrimoines. Un expert-comptable peut également vous aider à déterminer le régime le plus adapté à votre projet.
Le tableau ci-dessous vous permet de comparer les régimes fiscaux couramment utilisés dans l'e-commerce. Il vous aidera à identifier le régime le plus adapté à vos besoins et à votre situation.
Régime fiscal |
Type d'imposition |
Caractéristiques principales |
Avantages |
Inconvénients |
Micro-entreprise |
IR (Impôt sur le revenu) |
Régime simplifié, seuils de chiffre d'affaires limités, pas de déduction des charges, franchise en base de TVA sous certains seuils |
Simplicité administrative, faible coût de gestion, franchise de TVA possible |
Plafonds de revenus, charges non déductibles, pas de séparation du patrimoine personnel/professionnel |
Régime réel simplifié |
IS (Impôt sur les sociétés) ou IR |
Obligations comptables allégées, possibilité de déduire les charges et amortissements, TVA collectée et reversée |
Déduction des charges, adaptée aux petites entreprises dépassant les seuils du micro-entrepreneur |
Plus d’obligations comptables qu’une micro-entreprise |
Régime réel normal |
IS ou IR |
Comptabilité détaillée obligatoire, TVA collectée et reversée, charges et amortissements déductibles |
Adapté aux entreprises de taille moyenne ou grande, flexibilité dans la gestion des dépenses |
Complexité administrative, coûts comptables élevés |
Impôt sur les sociétés (IS) |
IS |
Taux de 15 % pour les bénéfices jusqu’à 42 500 € et 25 % au-delà, charges et amortissements déductibles |
Séparation des patrimoines, fiscalité optimisée pour les bénéfices réinvestis |
Imposition fixe même en cas de faible activité |
Impôt sur le revenu (IR) |
IR |
Revenus de l’entreprise imposés directement au nom du dirigeant, taux progressifs selon les tranches d’imposition |
Gestion simple pour les petites entreprises, possibilité d’imposition forfaitaire simplifiée |
Imposition variable en fonction des revenus du foyer |
Comment bien gérer sa fiscalité e-commerce
Si vous êtes auto-entrepreneur ou gérez une petite entreprise individuelle, vous pouvez parfaitement gérer votre fiscalité vous-même à condition d’avoir un bon suivi administratif. Vous devrez déclarer votre chiffre d’affaires sur les plateformes officielles (comme autoentrepreneur.urssaf.fr) et gérer les obligations fiscales (TVA, impôts, etc.) directement via votre espace sur impots.gouv.fr.
Cependant, lorsque votre activité devient plus complexe, faire appel à un expert-comptable devient un atout. Cela est particulièrement utile si :
- Vous dépassez les seuils de la franchise de TVA et devez gérer les déclarations régulières
- Vous avez une structure juridique impliquant une comptabilité plus rigoureuse (SARL, SAS…). La grande majorité des dirigeants de sociétés font appel à un expert-comptable pour éviter les erreurs.
- Vous vendez à l’international, ce qui nécessite de suivre des règles spécifiques sur la TVA et les droits de douane
- Vous souhaitez optimiser vos charges fiscales ou anticiper les évolutions légales.
En résumé, l’expert-comptable n’est pas obligatoire, mais il peut être un soutien précieux si votre structure évolue. Pour les auto-entrepreneurs, des outils et conseils adaptés suffisent souvent pour gérer efficacement les obligations fiscales.
La fiscalité e-commerce à l’international
Si vous vendez à l’étranger, les règles fiscales deviennent plus complexes, notamment pour la TVA et les droits de douane.
Dans l’Union Européenne, vous devez appliquer la TVA du pays de l’acheteur si vos ventes à des particuliers dépassent 10 000 € par an. Cette obligation s’applique même si votre entreprise est basée en France. Pour gérer cette complexité, le système One-Stop Shop (OSS) vous permet de centraliser toutes vos déclarations de TVA intracommunautaire via un seul formulaire en France. Ce système simplifie grandement les démarches administratives.
Hors de l’Union Européenne, vous devrez vérifier les réglementations douanières des pays où vous exportez vos produits. Cela inclut les droits de douane, qui varient selon le type de produit et la destination. Ces frais doivent être pris en compte dans vos prix pour éviter une mauvaise surprise lors de la livraison.
Vous souhaitez lancer ou étendre votre activité e-commerce à l’international ? Retrouvez nos ressources dédiées :
🌍 Site e-commerce international : 10 conseils pour réussir
🌍 Stratégie d'internationalisation e-commerce (2024)🌍 Outils de vente internationale de Shopify
La fiscalité e-commerce en dropshipping
Attention, le dropshipping ne vous dispense pas de respecter les obligations fiscales ! En tant que vendeur, vous êtes considéré comme l’intermédiaire officiel de la transaction, même si les produits sont expédiés directement par votre fournisseur au client final. Cela signifie que vous devez collecter et reverser la TVA sur vos ventes, comme pour tout e-commerçant.
Si vos fournisseurs sont situés hors de l’Union Européenne, vous devrez également gérer les droits de douane liés à l’importation. Ces frais peuvent parfois être répercutés sur le client, mais cela doit être clairement indiqué lors de la vente.
Pour éviter des complications, assurez-vous que vos fournisseurs respectent leurs propres obligations douanières et fournissent les documents nécessaires, comme les factures et déclarations d’expédition. Une gestion rigoureuse de vos flux et une tarification adaptée sont indispensables pour rester conforme (et rentable).
Profitez de nos guides sur le dropshipping :
📦Comment faire du dropshipping ? Définition et fonctionnement
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📦Les 9 meilleurs sites de dropshipping pour vendre en ligne
Soignez votre fiscalité e-commerce pour une croissance en ligne sereine
Maîtriser la fiscalité e-commerce peut sembler complexe, mais avec les bons outils et conseils, vous pouvez optimiser votre gestion et éviter les erreurs. Commencez par structurer vos obligations dès aujourd’hui et concentrez-vous sur la croissance de votre activité en toute sérénité.
Si vous souhaitez vous lancer en e-commerce, créez une boutique Shopify et bénéficiez d’une plateforme intuitive qui vous accompagne dans la gestion de vos ventes, tout en vous aidant à rester conforme aux réglementations fiscales.
FAQ sur la fiscalité e-commerce
Quels sont les risques en cas d’erreur ou d’oubli fiscal ?
- Amendes : elles peuvent atteindre 10 % du montant non déclaré, voire davantage en cas de récidive ou de mauvaise foi.
- Contrôles fiscaux : un oubli ou une incohérence dans vos déclarations peut déclencher un contrôle fiscal approfondi.
- Suspension de votre activité : dans les cas extrêmes, des sanctions peuvent aller jusqu’à la fermeture temporaire de votre boutique ou de vos comptes sur certaines plateformes.
Comment savoir si je dois facturer la TVA à mes clients étrangers ?
Si vous vendez à des particuliers dans l’Union Européenne, vous devez facturer la TVA du pays de l’acheteur lorsque vos ventes intra-UE dépassent 10 000 € par an. En dessous de ce seuil, vous pouvez appliquer la TVA française.
Pour les ventes hors de l’Union Européenne, la TVA ne s’applique généralement pas.
Est-il obligatoire de faire appel à un expert-comptable ?
Non, ce n’est pas obligatoire quel que soit votre statut de société. Si vous êtes auto-entrepreneur ou gérez une petite activité, vous pouvez gérer vous-même votre fiscalité e-commerce.